Courir pendant ses règles : Mythe ou allié de bien être ?

La course à pied est l’un des sports les plus accessibles et libérateurs qui soient. Pas besoin d’équipement sophistiqué : un trottoir, un sentier ou un parc suffisent pour ressentir ce souffle de liberté.

Pourtant, pour de nombreuses femmes, l’arrivée des règles s’accompagne de doutes : faut-il continuer à courir ou lever le pied ?
Derrière cette question, il y a une réalité complexe, faite de physiologie, de sensations, de croyances… mais aussi de découvertes positives.

Le cycle menstruel et ses effets sur la course à pied

Le corps féminin évolue au rythme du cycle hormonal, en moyenne de 28 jours. Pendant les règles, le taux d’hormones est au plus bas : cela peut entraîner une fatigue, des crampes ou une baisse de moral. Quelques jours plus tard, les œstrogènes remontent — tout comme l’énergie et la vitalité. Au moment de l’ovulation, certaines femmes se sentent particulièrement performantes, d’autres doivent faire preuve de vigilance pour éviter les blessures. Enfin, dans la phase prémenstruelle, la progestérone augmente et peut provoquer lourdeurs et inconfort.

Ce ballet hormonal n’est pas une entrave à la course : il invite simplement à écouter son corps et ajuster son rythme selon les phases du cycle.

Courir malgré les douleurs : obstacle ou allié ?

Courir pendant ses règles n’est pas forcément une épreuve. Chez certaines femmes, l’effort agit même comme un antidouleur naturel : la libération d’endorphines réduit les crampes et améliore l’humeur. L’activité physique devient alors un exutoire et aide à apaiser les tensions physiques et mentales.

Bien sûr, chaque corps réagit différemment : douleurs dorsales, fatigue ou flux abondant peuvent diminuer la motivation.
Mais aucune règle universelle n’impose d’arrêter. L’essentiel est de trouver son propre équilibre entre repos et mouvement.

Adapter son entraînement selon le cycle

- Pendant les règles : privilégier la douceur

Optez pour des footings lents, de l’endurance fondamentale ou même un mélange marche-course. Le but est de bouger sans forcer.

- Après les règles : l’énergie remonte

Les jours suivant les menstruations sont parfaits pour programmer des séances plus intenses : fractionné, tempo ou séance de seuil.

- Période d’ovulation : vigilance sur les articulations

Le dynamisme est souvent à son maximum, mais les ligaments peuvent être plus souples. Soyez attentives à vos appuis.

- Phase prémenstruelle : récupération active

Fatigue, lourdeur ou irritabilité peuvent apparaître. Mieux vaut ralentir le rythme et privilégier les sorties plaisir, sans objectif de performance.

Le confort avant tout : protections et nutrition

Le choix de la protection menstruelle joue un rôle clé pour courir sereinement : culottes menstruelles de sport, tampons ou coupes — à chacune sa préférence. L’objectif est de courir sans y penser, sans gêne ni crainte d’inconfort.

Côté nutrition, pensez à compenser les pertes en :

- Fer, pour éviter la fatigue ;

- Magnésium, pour limiter les crampes ;

- Hydratation, pour réduire la sensation de lourdeur.

Courir, c’est aussi écouter et nourrir son corps.

Briser les tabous autour du sport féminin

Pendant longtemps, les règles ont été un sujet tabou dans le sport. Aujourd’hui, de plus en plus d’athlètes partagent ouvertement leurs expériences. Certaines battent même leurs records pendant cette période, d’autres adaptent leur rythme sans culpabilité. Le message est clair : chaque femme est unique.

Les communautés de coureuses et les réseaux sociaux participent à cette libération de la parole. Ce partage crée une vraie sororité sportive, où l’on ose parler de tout — performance, bien-être et cycle.

Courir, un acte libérateur et symbolique

Courir pendant ses règles, c’est aussi un geste de liberté. C’est refuser de se laisser définir par un inconfort passager et choisir de transformer cette période en expérience positive.

Certaines femmes profitent de ces moments pour :

- s’accorder une sortie douce et introspective,

- partager un footing en groupe pour se soutenir,

- ou courir seules pour se reconnecter à elles-mêmes.

Quand consulter un professionnel de santé ?

Il est important de respecter ses limites. Si les douleurs sont trop intenses, les saignements inhabituels ou la fatigue extrême, il faut consulter un médecin ou une sage-femme. Ces symptômes peuvent révéler des pathologies comme l’endométriose ou l’anémie.

L’écoute de soi ne signifie pas ignorer les signaux d’alerte.

Conclusion : redéfinir sa façon de courir

La course à pied pendant les règles n’est ni une obligation, ni un interdit. C’est un choix personnel, à faire selon ses envies, son énergie et son confort. Pour certaines, c’est une bouffée d’oxygène ; pour d’autres, un moment de pause nécessaire.

L’essentiel est de se libérer des tabous, de s’écouter et de courir pour soi — à son rythme, selon son corps, et selon ses besoins.

Et si, finalement, courir pendant ses règles n’était pas un obstacle, mais une façon plus sincère et plus intime de courir ?