Test de la New Balance SC Elite V5 : l’arme des coureurs exigeants

Quand on parle de New Balance, on pense immédiatement à une marque qui a toujours cultivé sa différence. Fondée en 1906 à Boston, elle a commencé par développer des soutiens plantaires pour améliorer la posture. Ce souci de la biomécanique et du confort est resté au cœur de son ADN. Contrairement à d’autres marques qui misent sur le marketing massif, New Balance a toujours misé sur la recherche, l’innovation et la qualité de fabrication. Aujourd’hui encore, elle conserve une partie de sa production aux États-Unis et au Royaume-Uni, une rareté dans le secteur. Cette approche, entre authenticité et science, se reflète parfaitement dans la FuelCell SuperComp Elite.

La FuelCell SuperComp Elite (SC Elite) fait partie des super-shoes, ces chaussures de compétition qui bouleversent les codes. C’est un modèle pensé pour les allures rapides et les longues distances, du 10 km au marathon. On sent dès le premier regard qu’il ne s’agit pas d’une chaussure « passe-partout », mais d’un outil taillé pour la vitesse.

Présentation du testeur

Gauthier, 37 ans, 182 cm, 76 kg

Je pratique la course depuis mon adolescence. J’ai d’abord découvert la discipline à travers les séances de préparation physique liées au football, avant d’y trouver un vrai terrain d’expression personnelle. Avec le temps, je me suis naturellement orienté vers les séances tempo et les allures spécifiques 10 km, que ce soit sur route, sur piste ou en terrain varié.

Cette passion pour la course s’est accompagnée d’une curiosité grandissante pour le matériel. J’ai eu la chance de tester un grand nombre de modèles au fil des années… et parfois de m’y blesser. Mais ces expériences, positives comme négatives, ont nourri mon envie de comprendre toujours plus finement le rôle de la chaussure dans la performance et la prévention des blessures.

Au quotidien, je suis podologue du sport et préparateur physique spécialisé dans la réathlétisation. Autant dire que la question de la chaussure n’est pas seulement une affaire personnelle : elle se pose chaque jour pour mes patients comme pour moi-même. Mon œil professionnel nourrit donc mon ressenti de coureur, et inversement.

Côté morphologie, je chausse du 43 en chaussure de route. Mon pied est plutôt fin dans son ensemble — arrière, médio et avant-pied — avec une voûte plantaire assez marquée. Ces caractéristiques influencent évidemment mes sensations, notamment en termes de fitting et de stabilité, et il est important de les avoir en tête pour contextualiser mes retours.

Les caractéristiques de la SC Elite V5

- Stack (talon/avant) : 40 mm / 32mm

- Drop : 8 mm

- Poids : 213 g en 43

- Mousses : Mousse PEBA ; Plaque carbone

- Prix : 280 €

Confort

Dès l’enfilage, j’ai été surpris par le confort de la tige. La maille technique enveloppe le pied sans le compresser, et l’avant-pied laisse assez de place pour courir longtemps sans gêne. En statique, en revanche, une sensation d’instabilité s’est immédiatement faite sentir : le talon s’écrase légèrement, et je perçois une tendance à la pronation. Sur le moment, j’ai même eu le doute : est-ce qu’une chaussure aussi instable à l’arrêt peut vraiment se révéler en mouvement ?

Et puis, dès les premiers pas en courant, tout change. La bascule vers l’avant est évidente, presque ludique. J’ai ressenti comme une envie de « jouer » avec la chaussure, d’augmenter l’allure pour voir ce qu’elle avait dans le ventre. Le confort se traduit alors en fluidité, et la mousse absorbe l’impact tout en relançant le mouvement.

Stabilité

Soyons honnêtes : ce n’est pas son point fort. Lors de mes footings en endurance fondamentale, l’instabilité de l’arrière-pied s’est confirmée. Plus le temps de contact au sol est long, plus la mousse s’écrase et donne l’impression de flotter un peu. Pour un coureur habitué à des chaussures plus fermes, cela peut être déstabilisant.

Mais quand on accélère, l’histoire est différente. En séance d’allure semi-marathon, j’ai trouvé la stabilité de l’avant-pied excellente. La chaussure devient plus fiable et se cale naturellement dans le rythme. Ce contraste entre lenteur et vitesse est frappant : plus on court vite, plus la SC Elite semble retrouver son équilibre.

Dynamisme

C’est ici que la magie opère. Lors d’une séance tempo, la chaussure s’est transformée. À l’instant où je suis descendu sous les 3’40/km, tout est devenu facile. La plaque carbone et la mousse PEBA se sont mises à travailler ensemble, et la sensation de propulsion était incroyable. Ma foulée s’est raccourcie, plus verticale, et l’impression de voler au-dessus du bitume est apparue.

Franchement, c’était grisant : cette impression que la chaussure prend le relais et me pousse vers l’avant. Là où, d’habitude, maintenir une allure soutenue demande un effort conscient, la SC Elite m’a donné l’impression que la vitesse venait naturellement. La notion de « courir vite en se fatiguant moins » prend ici tout son sens. 

Public visé

Après plusieurs séances – footing d’endurance fondamentale, allure semi et tempo – le constat est clair : cette chaussure ne s’adresse pas à tout le monde. Pour les débutants ou ceux qui privilégient le confort tranquille, elle risque d’être trop exigeante et déstabilisante. En revanche, pour les coureurs confirmés, à foulée neutre et à la recherche de performance sur route, elle peut être une arme redoutable. C’est une chaussure qui se mérite, qui ne livre son vrai visage que lorsqu’on la pousse à haute intensité.

Conclusion

La New Balance FuelCell SuperComp Elite est un concentré d’innovation au service de la performance. Confortable à l’enfilage mais instable en statique, elle révèle toute sa personnalité dès que l’allure augmente. En endurance, elle surprend par son flottement, mais en tempo, elle transforme la foulée et rend la vitesse presque facile.

Elle n’est pas universelle : elle s’adresse aux coureurs exigeants, capables de l’exploiter pleinement sur 10 km, semi ou marathon. Mais utilisée dans son domaine de prédilection, elle offre des sensations uniques : l’impression de voler, de jouer avec la vitesse, et de repousser ses limites chronométriques.

En résumé, c’est une chaussure qui n’accompagne pas seulement le coureur, elle dialogue avec lui. Elle demande de l’engagement, mais elle le rend au centuple. Et pour moi, c’est ce qui fait la différence entre une bonne chaussure… et une chaussure de compétition.