Marseille - Cassis : le mythe méditerranéen

Il y a des courses qu’on fait pour le chrono, et d’autres qu’on court pour le frisson. Marseille-Cassis, c’est un peu des deux — un monument du calendrier français, une ligne d’horizon que tout coureur se doit de franchir au moins une fois dans sa vie de baskets. Entre la mer, la montagne et l’ambiance de fête, ce 20 km n’a rien d’un classique semi-marathon.

Le dernier dimanche d’octobre, Marseille s’éveille encore dans la pénombre quand la foule s’amasse autour du stade Vélodrome. Les coureurs se retrouvent près du Stade Vélodrome alors que les premiers rayons effleurent Notre-Dame-de-la-Garde au loin. On sent cette tension douce, ce mélange d’impatience et de respect pour le parcours. Car à Marseille-Cassis, tout le monde le sait : il va falloir grimper.

Sur le papier, 20 km, ça paraît court. Dans les jambes, c’est une autre histoire. Le parcours est simple mais redoutable : une première moitié en montée, jusqu'au Col de la Gineste (à environ 327m d'altitude), et une deuxième en descente pour rallier Cassis.

Les premiers kilomètres longent la Corniche, encore endormie : la Méditerranée à droite, les encouragements à gauche, le Vélodrome dans le dos. Ça déroule, facile, presque trompeur. Et puis, une fois Luminy franchi, la route se cabre doucement, la ville s’efface, la garrigue prend le relais. À partir du 5e kilomètre, on bascule dans un autre monde.

La pente n’est jamais monstrueuse, mais sans réel répit : 8 à 9 km de montée continue, un vrai test de gestion pour les jambes et le mental.

Arrivé au sommet, c’est une autre course qui commence. Cassis se devine encore loin, mais la descente, roulante et piégeuse à la fois, relance les ambitions. Les quadris chauffent, les allures s’affolent, les visages se détendent. Et puis, au détour d’un virage, la mer réapparaît, turquoise, éclatante. Cassis se rapproche, les spectateurs se massent, et la dernière bosse avant le port finit de graver la légende : cette course, on la termine les yeux humides, le sourire vissé.

Il faut l’avoir vécue pour comprendre. Marseille-Cassis, ce n’est pas juste une course, c’est une fête populaire au sens noble. Les spectateurs s’agglutinent sur la route, les bénévoles hurlent les prénoms inscrits sur les dossards, et les groupes de musique transforment chaque virage en festival.

Sur la Gineste, certains coureurs la jouent sérieux, concentrés sur leur foulée et leur fréquence cardiaque. D’autres s’arrêtent pour immortaliser la vue. Et tous, sans exception, se laissent happer par cette ambiance unique : celle d’une course où l’effort rime avec partage, où la ligne d’arrivée ressemble à une victoire collective.

Cassis, c’est la récompense. L’odeur des pins, les façades pastel, le port, les calanques en toile de fond. On passe la ligne, on récupère la médaille, on sourit — souvent fatigué, toujours heureux. Parce qu’au fond, Marseille-Cassis, ce n’est pas seulement un chrono, c’est une émotion.

- Hommes : Edwin Kipyego (Kenya) : 57′18″ en 2015.

- Femmes : Edith Chelimo (Kenya) : 1h 05′58″ en 2017.

Ces barres donnent le niveau : descendre sous 1h pour les hommes reste encore l’exception sur ce parcours exigeant.

La 46ᵉ édition de Marseille-Cassis se tiendra le dimanche 26 octobre 2025 (départ à 9h) depuis le boulevard Michelet, à proximité du stade Orange Vélodrome.

Parmi les coureurs à suivre :

- Jimmy Gressier (France) : récent champion du monde du 10 000 m, il sera sur la ligne de départ. Bien qu’il vienne « pour le plaisir », sa présence dynamise le plateau.

- Félicien Muhitira (Rwanda) et Samuel Kibet (Ouganda) : les deux derniers vainqueurs de l’épreuve, qui seront à nouveau en lice pour viser un chrono sous l’heure.

Nul doute que le plateau élites sera relevé comme tous les ans, attiré par le prestige… et les primes conséquentes pour un événement populaire.

Bref, c’est une édition qui s’annonce riche, tant pour les amateurs que pour les élites.

Avec plus de 20 000 dossards disponibles chaque année, Marseille-Cassis reste une des courses les plus courues de France.  L’organisation est solide : navettes efficaces, bénévoles impeccables, parcours entièrement fermé à la circulation.

Le seul vrai défi, c’est de décrocher le dossard… et le logement à Cassis, si tu veux profiter du week-end complet.

Le parcours est entièrement fermé à la circulation, les points de ravitaillement bien fournis. Le peloton est étiré par la montée, ce qui permet de mieux “respirer” à son rythme.

Parce qu’elle coche toutes les cases : exigence, beauté, ambiance, histoire.

C’est une course à profil atypique, qui ne se court pas au cardio, mais à la lucidité. Trop rapide au début, et tu paieras la descente. Trop prudent, et tu regretteras de ne pas avoir relancé. Bref, un équilibre subtil — exactement ce que recherchent les coureurs expérimentés.

Et puis il y a ce parfum d’authenticité. Ici, pas de marketing surfait, pas de finish-line artificielle. Juste une route, des pins, la mer, et un peloton qui donne tout pour rallier Cassis.

Marseille-Cassis n’est pas une course qu’on coche sur un calendrier.

C’est une expérience sensorielle et sportive, un concentré de Méditerranée, de bitume et d’émotions. Une épreuve exigeante, mais juste. Une fête populaire où chaque coureur trouve sa place, du premier au dernier.

Pour beaucoup, c’est un rêve.

Pour ceux qui l’ont vécue, c’est un souvenir brûlant, qu’on garde longtemps dans les jambes et dans le cœur.

Marseille-Cassis, c’est la France qui court, version sud, version soleil.